Le phénomène dont je voudrais vous parler aujourd’hui s’appelle « la façade linguistique ». Cette notion n’est pas utilisée fréquemment et pourtant elle décrit une situation malheureusement assez courante. Elle a été développée par le professeur Jim Cummins de l’Université de Toronto. Il s’agit d’une apparente maîtrise de la langue.
Pourquoi « apparente » ?
- Sa maîtrise de la langue montre rapidement ses limites.
- La personne n’est pas capable d’exprimer une réflexion plus élaborée, d’argumenter ou de présenter un point de vue complexe.
- Elle répond par des phrases toutes faites, dans des situations qui se répètent régulièrement.
La façade linguistique peut être présente aussi bien chez des adultes que chez des enfants. Et plus, ce qui est encore plus surprenant, ce phénomène peut concerner chez les personnes bilingues, soit la langue minoritaire, soit majoritaire, soit les deux.
Façade linguistique dans la langue minoritaire
- La façade linguistique n’est pas le bilinguisme réceptif. L’enfant utilise sa seconde langue car il en a besoin pour communiquer, par exemple, avec ses parents. Néanmoins, ces communications sont relativement rares dans des situations peu variées.
- Cela signifie que soit les contacts avec les parents (un parent) sont limités (les parents peu présents qui passent peu de temps avec l’enfant), soit les parents eux-mêmes ont un langage simple et très réduit (le vocabulaire, les structures…).
Façade linguistique dans la langue majoritaire
- C’est la famille et non pas l’école qui est responsable du développement de la langue chez l’enfant. A la maison, les relations sont beaucoup plus individualisées que dans une collectivité (crèche, maternelle, école…) où l’éducateur / l’enseignant a sous sa responsabilité tout un groupe. Il lui est impossible de consacrer du temps individuellement à chaque enfant.
- Ainsi, si l’enfant n’est pas soutenu par ses parents pour développer au moins une langue (quelle qu’elle soit), il peut avoir des difficultés par la suite pour le faire sans leur aide.
- En revanche, si l’enfant est à l’aise dans sa langue minoritaire, il devrait acquérir la langue majoritaire. Pourquoi ? Parce qu’à la base, c’est tout un processus de réflexion qui en jeu. La langue permet de découvrir le monde, les relations entre les phénomènes, les liens de causalité… Une fois l’enfant est capable de se retrouver dans le monde verbalement, il peut apprendre d’autres langues en s’appuyant sur sa première langue.
- Pour approfondir ce sujet, je vous invite à lire l’article suivant : Comment la langue façonne notre manière de penser.
A retenir
- L’enfant a besoin d’avoir au moins une langue au niveau « natif » pour construire son rapport au monde, exprimer ses opinions, ses émotions, argumenter, défendre ses positions etc.
- Grâce à cette langue forte, il sera capable d’en apprendre d’autres.
- Dans le cas contraire, ses communications seront limitées de la même manière que sa réflexion. Il risque de se fermer au monde non parce qu’il est introverti, mais à cause de la frustration qu’il ressentira en souhaitant développer des contacts avec ses pairs.
- Parlons à nos enfants, stimulons leur langage, varions les situations dans lesquelles nous communiquons avec eux.
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Si vous avez des difficultés pour aider votre enfant à développer leur langue minoritaire, parlons-en. Je vous propose mon soutien individuel. Prenez un RDV offert en ligne afin que nous puissions en parler. Ensuite, vous déciderez. Pour choisir votre créneau, cliquez ici : prise de RDV.
Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.