langue d’adoption

Cycle « Histoires de familles multilingues »

L’histoire que je voudrais vous raconter aujourd’hui, diffère de la plupart des histoires des parents que j’accompagne dans le cadre du programme pour les familles multilingues. Elle ne concerne pas l’envie de transmettre à l’enfant la langue maternelle de l’un de ses parents, mais sa langue d’adoption. Les parents souhaitent souvent partager avec les enfants leurs goûts et leurs plaisirs (culturels, sportifs, culinaires…), y compris en matière de langues. Les langues constituent des éléments importants qui nous accompagnent dans notre vie. Cependant, il est parfois difficile non seulement de trouver l’équilibre entre elles, mais aussi (ou peut-être surtout?) de transmettre le sens que la seconde langue représente pour nous. Exactement comme dans le cas d’Evelyne.

Deux langues avec des significations bien différentes

Evelyne est française et vit en France avec sa fille Lisa de 6 ans et son compagnon. (Les prénoms ont été changés.)

Ayant longtemps vécut en Grande Bretagne, elle est très attachée à la langue anglaise, sa langue d’adoption. Evelyne souhaita donc la transmettre à Lisa. En même temps, elle ne se voyait pas renoncer au français, sa langue maternelle, dans les contacts avec sa fille. Ainsi, lui parlait-elle dans ses deux langues, en essayant de garder un certain équilibre. Elle utilisant l’anglais dans des contextes quotidiens et passait au français pour tout ce qui était pour elle plus personnel.

Evelyne me contacta quand elle se rendit compte que la situation n’évoluait pas comme elle le souhaitait. Même si Lisa comprenait la plupart de ce qu’Evelyne lui disait en anglais, mais elle ne lui répondait jamais dans cette langue. Depuis le début, Lisa, qui avait fréquentait une crèche et une école maternelle français, parlait à sa maman exclusivement en français. D’autant plus que le français était la langue de la famille : Evelyne communiquait en français avec son compagnon.

Langue d’adoption : une approche particulière

Nous commençâmes notre collaboration. La première étape consista à déterminer le sens que la langue anglaise représentait pour Evelyne. Sans cela, il était impossible d’inciter Lisa, de façon efficace, à s’approprier cette langue. Ensuite à partir de l’univers « esthético-affectif » défini par Evelyne (sa perception personnelle), elle entama un travail avec Lisa. Guidée par mes propositions, Evelyne déclina ce sens-là de sa langue d’adoption dans l’imaginaire de l’enfant pour les besoins de Lisa.

Partager un plaisir

Nous partîmes de l’univers sonore (avec un focus sur l’écoute de la prononciation et les images que cela évoquait pour Lisa) avant d’arriver à la langue elle-même. Ce fut un travail passionnant, aussi bien pour Evelyne et Lisa (selon le récit d’Evelyne) que pour moi. Au fond, Evelyne souhaita plus partager avec sa fille le plaisir du contact avec la langue anglaise que l’utiliser avec elle stricto-sensu. Cela n’empêche, au bout de quelques mois, Lisa accepta de parler anglais avec sa maman dans des situations bien précises qu’elles définirent ensemble. Evelyne ne demanda rien de plus. Pour elle, ce fut une victoire complète. Elle réussit à transmettre à sa fille son attachement à sa langue d’adoption.

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Si vous aussi, vous avez besoin de soutien, parlons-en. Envoyez-moi un message à anna(at)bilingual-kid.com pour voir ensemble comment nous pourrons aider votre enfant à parler votre langue maternelle grâce au programme d’accompagnement personnalisé que j’ai créé pour les familles multilingues.

La photo ne présente pas Eveylne et Lisa.

Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.