films

Les films sont souvent cités comme un moyen d’apprentissage de langue. Nombreux parents multilingues s’interrogent sur l’importance des dessins animés dans la maîtrise de la langue minoritaire chez leurs enfants. Qu’en est-il vraiment ? Quel rôle peuvent avoir les films chez les enfants perfectionnant leur seconde langue ? Voici quelques éléments de réponse, plus nuancés que l’on pourrait croire.

Une étude de référence

Une étude intéressante a été menée aux États-Unis auprès des enfants dont les parents étaient sourds et muets. Les enfants (sans problème d’audition) regardaient régulièrement des films à la télévision. C’étaient leurs seuls moyens pour apprendre la langue parlée. Ceci n’a pas marché, les enfants n’ont pas appris à parler en raison du manque de stimuli qui les inciteraient à communiquer.

Pourquoi ces résultats ?

Les films, les images… n’encouragent pas à parler. Ils ne font que rendre possible un contact passif avec la langue.

Il n’y a pas d’interactions, les enfants suivent l’histoire sur l’écran sans engagement actif (au niveau communicationnel) de leur part. Suite à l’étude, les chercheurs ont souligné le rôle social de la langue : il s’agit de maintenir le contact avec l’autre personne. En parlant, on lui transmet des informations, on lui fait part de nos réflexions, nos émotions… La langue sert à maintenir un lien social et les films regardés sur l’écran n’y contribuent pas, en tout cas pas de façon directe.

La compréhension et le vocabulaire grâce aux films

Cependant, il serait injuste de dire que regarder des films n’a aucun impact sur la maîtrise de la langue chez l’enfant. Même si les films n’incitent pas l’enfant à parler, ils participent à l’exposition de l’enfant à la langue. Ceci peut avoir des conséquences à trois niveaux. Premièrement l’enfant s’habitue à entendre la langue, ce qui aiguise sa compréhension. Deuxièmement, l’enfant acquière un nouveau vocabulaire en suivant différentes situations présentées à l’écran. Troisièmement, il devient plus sensible à la prononciation, même s’il ne s’exerce pas à la pratiquer. (Question de l’oreille nationale.)

Afin d’augmenter l’impact positif des films, le parent peut proposer à l’enfant une discussion autour de l’histoire, après son visionnage. En la regardant ensemble, le temps passé devant l’écran devient un moment d’échange et de partage. Il est valorisant aussi bien pour la relation parent-enfant que pour la seconde langue de l’enfant.

Écrans, mais pas trop

Je n’ai pas besoin de rappeler la nécessité d’être prudent face aux risques qui émanent des contacts fréquents avec les écrans chez les jeunes enfants. Je n’ai pas l’intention de présenter des arguments pour et contre, il existe déjà suffisamment d’articles à ce sujet, très bien documentés. Pour trouver un juste milieu, je vous conseille de suivre la règle 3-6-9-12, élaboré par Serge Tisseron (membre de l’Académie des technologie), psychiatre et docteur en psychologie.

Source : J. Sachs i M. Johnson „Language development on a hearing child of deaf parents”, w W. Von Raffler-Engel i Y.Lebrun, „Baby talk and infant speech”, Swets and Zeitlinger, Amsterdam, 1976

Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.