Situation familles bilingues
Je voudrais partager avec vous une réflexion au sujet d’une situation qui est proche à la plupart d’entre nous. Proche, rarement souhaitable, pour certains plutôt pénible. A une personne d’extérieur, elle peut même sembler absurde ou abstraite et pourtant de nombreux parents plurilingues doivent y faire face au quotidien. Pourquoi et de quelle manière ? Parlons-en.

La situation en question

Dans nos pays natals, les enfants parlent avec leurs parents dans notre langue. La maman (ou le papa) s’adresse à l’enfant en allemand, français, polonais, italien… et celui-ci lui répond dans cette même langue. Qu’est-ce qui est de plus naturel dans une communication entre deux personnes faisant partie de la même famille et vivant sous le même toit ? C’est tellement naturel que personne n’y prête attention, comme si on n’imaginait même pas que cela pourrait être autrement. Et pourtant… Pour une grande partie des familles bilingues (plurilingues) ceci est loin de la réalité. Ce n’est pas parce que la maman s’adresse à l’enfant dans sa langue maternelle que l’enfant lui répondra dans la même langue. Très souvent, l’enfant répond dans la langue du pays dans lequel la famille habite. Pourquoi ? C’est plus facile pour lui. Ainsi, assistons-nous à des conversations bilingues.

Parfois, c’est dur…

Les parents vivent cette situation plus ou moins bien. Certains essayent d’en passer autre, en considérant que cela fait partie de la réalité de familles bilingues. C’est le prix à payer pour avoir choisi cette vie qui est aujourd’hui la leur : une vie dans un autre pays, avec plusieurs langues et cultures au quotidien. D’autres parents ont dû mal à l’accepter. Ils ont un sentiment d’injustice de ne pas pouvoir communiquer avec leur enfant dans leur langue maternelle, leur langue de cœur et d’émotions. Dans de rares cas, ils ressentent une barrière émotionnelle, ne pouvant pas s’identifier totalement avec l’enfant. « C’est mon enfant, je l’aime très fort, cependant, il y a une gêne… ».  A cela s’ajoute souvent une pression de la part de la famille dans le pays, parfois même de la part de l’entourage qui évolue dans un univers monolingue.

Un sentiment de rejet (erroné)

Il y a aussi des cas extrêmes où les parents non seulement en souffrent, mais aussi l’interprètent comme une sorte de rejet par l’enfant. Selon la logique : l’enfant rejette ma langue, en fin de compte il rejette une partie de moi-même. Cette interprétation va, bien évidemment, beaucoup trop loin : l’enfant ne fait que choisir la facilité en général sans aucune arrière-pensée. Il sait pertinemment que sa maman (ou papa) comprend la langue majoritaire et ne voit pas la nécessité de parler dans la langue du parent. Il n’a pas (encore) cette sensibilité aux émotions véhiculées par la langue, mais il la perçoit en termes purement utilitaires : j’ai besoin de communiquer, je communique de façon la plus simple pour moi. Pour l’instant, le rapport coût-bénéfice n’est pas en faveur de l’effort à réaliser pour avoir une langue exclusive avec son parent qui déterminera la qualité de leur relation. L’enfant suit simplement son instinct.

Quelques éléments à retenir

Il y a plusieurs éléments importants à retenir. Premièrement, les enfants ne le font généralement pas pour blesser le parent. Deuxièmement, il y a beaucoup d’autres familles dans la même situation : la situation peut paraître absurde, mais elle est également courante. Troisièmement, il est possible de modifier les comportements linguistiques (et en général tous les autres) de nos enfants. Si nous souhaitons qu’ils communiquent avec nous dans notre langue, il est important de se fixer cet objectif et suivre un chemin pour l’atteindre. Leurs habitudes, de la même manière que leurs réactions, ne sont pas figées et il est toujours possible de les réorienter. Plus tôt nous y prenons, plus cela devrait être facile car elles sont moins ancrées chez l’enfant à quatre ou six ans qu’à dix ou douze ans.

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Si vous souhaitez que vos enfants parlent avec vous dans votre langue maternelle, je peux vous aider (comme j’ai aidé d’autres parents). Je vous propose d’en parler lors d’un RDV en ligne offert. Je vous expliquerai en quoi consiste mon approche et je répondrai à vos questions. Ensuite, vous déciderez. Pour prendre RDV : cliquez ici.

Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.