lecture enfant bilingue
La question de l’apprentissage de la lecture dans la seconde langue est souvent posée par les parents des enfants multilingues. Quand commencer à la leur apprendre ? De quelle manière ? Avec quels supports ? Cette problématique est d’autant plus présente chez les familles dont les enfants ne suivent pas de cours de leur seconde langue dans une école de samedi ou de mercredi (école française, polonaise, portugaise…). Voici quelques propositions que je suggère habituellement aux parents avec lesquels je travaille dans le cadre de l’accompagnement à l’éducation bilingue et biculturelle. J’espère qu’elles vous seront utiles.

Découverte de l’alphabet

L’apprentissage de la lecture commence le plus souvent par la découverte de l’alphabet. Si l’enfant l’apprend à l’école, il est utile de lui présenter l’alphabet dans sa seconde langue. Pourquoi ? Certaines lettres peuvent se prononcer différemment selon la langue. Il y a peut-être des lettres qui n’existent pas dans l’alphabet que l’enfant apprend à l’école. (C’était notre cas : l’alphabet polonais comprend plusieurs lettres qui lui sont propres, donc absentes de l’alphabet français.)

Cependant, il est aujourd’hui conseillé d’indiquer à l’enfant plutôt le son de chaque lettre que leurs « noms ». Pour faciliter la mémorisation, certains parents accrochent les lettres dans la maison : sur les murs, les étagères, etc. Ensuite, de temps en temps, ils demandent à l’enfant leur prononciation. Il est également possible de le faire sous forme d’un jeu. Plus il est original et drôle, plus facile sera l’apprentissage. Ainsi, l’enfant mémorise-t-il les sons associés aux lettres presque sans effort, à force de les répéter.

Deux écoles : avant ou après la lecture à l’école

D’après mes lectures, il existe deux écoles concernant l’apprentissage de la lecture dans la seconde langue de l’enfant. Certains disent qu’il est préférable de l’enseigner avant que l’enfant ne découvre la lecture à l’école. (De cette manière, il sera plus à l’aise à lire dans sa langue minoritaire. Il sera également plus intéressé par son apprentissage car il constituera pour lui une nouveauté.) D’autres proposent d’attendre et d’introduire la lecture dans la seconde langue, une fois l’enfant l’aura maîtrisée à l’école. Pour les langues utilisant le même alphabet que la langue majoritaire de l’enfant, il peut être utile de commencer la lecture dans la seconde langue, dès que l’enfant a compris le mécanisme de la lecture. (Il est cependant important de voir quel degré de difficulté représente pour l’enfant l’apprentissage de la lecture. Chaque parent connaît suffisamment son enfant pour pouvoir prévoir sa réaction à une charge de travail supplémentaire.) Pas à pas, en lui proposant de déchiffrer des mots simples, des titres, en utilisant des livres pour les tout-petits.

Méthode syllabique à la maison

Nous avons utilisé la méthode syllabique, exactement comme à l’école. Nos premiers exercices (quelques minutes par jour) consistaient à déchiffrer les principales syllabes qui apparaissent en polonais. Pour cela, j’ai utilisé un manuel de lecture dont se servent les enfants en Pologne. Ce qui est réconfortant dans notre situation de familles multilingues, ce que l’enfant n’a pas de pression car nous n’avons pas d’objectif de résultats pour une date définie. Il peut donc apprendre à son rythme, que cela lui prenne un, trois ou six mois. Essayons juste de faire en sorte qu’il passe un bon moment, avec nous, en jouant à déchiffrer de nouveaux mots.

Transfert de compétences

L’apprentissage de la lecture chez un enfant bilingue bénéficie du phénomène de transfert, de la même manière que d’autres compétences que l’enfant acquiert dans une de ses langues. La lecture consiste à créer une forme sonore d’un mot à partir de son image graphique. Quelle que soit la langue, le mécanisme de la lecture reste le même. Ce qui, bien évidemment, ne signifie pas que dans toutes les langues elle présente le niveau de difficulté comparable, loin de là.

Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.