développement cognitif

Il est souvent question de différents bénéfices que le bilinguisme apporte aux enfants (et aux adultes). Des bénéfices intellectuels, émotionnels, culturels, sociaux… Aujourd’hui, je voudrais vous indiquer des résultats concrets de recherches scientifiques qui ont été menées sur le développement cognitif des enfants bilingues. La notion du développement cognitif renvoie à l’acquisition des facultés qui permettent à l’enfant de découvrir son environnement. En raison de leur spécificité « bilingue », le développement cognitif des enfants parlant deux langues présente des caractéristiques spécifiques.

L’auteure des travaux dont je voudrais parler est la psychologue et professeure canadienne Ellen Bialystok. Spécialisée dans le développement cognitif et linguistique chez les enfants, elle s’intéresse plus particulièrement aux enfants utilisant d’autres langues que l’anglais et le français.

Séries de questions très concrètes

Dans ses travaux menés pendant plus de quarante ans de carrière, Ellen Bialystok se pose plusieurs questions très concrètes :

  • De quelle manière s’opère l’acquisition du langage chez les enfants qui apprennent deux langues en même temps par rapport aux enfants qui en apprennent l’une après l’autre ? Est-ce que leurs rythmes d’apprentissage sont comparables ?
  • De quelle manière les enfants bilingues apprennent à lire et à écrire ? Et plus particulièrement dans la langue qui n’est pas utilisée à la maison ?
  • Si l’apprentissage à l’école se passe dans une langue que les enfants maîtrisent moins, y aurait-il des conséquences sur leur développement cognitif ? Et sur leur capacité de s’approprier de nouveaux concepts, y compris les mathématiques ?

Trois conclusions de recherches

Les connaissances linguistiques générales : le vocabulaire des enfants bilingues est moins développés dans les deux langues que le vocabulaire des enfants monolingues. En revanche, la compréhension de la structure linguistique est aussi bonne, voire meilleure, chez les enfants bilingues. (Il s’agit de la conscience métalinguistique.

L’acquisition de la lecture et de l’écriture chez les enfants bilingue dépend du système d’écriture de leur langue minoritaire. S’il s’agit du même système (ex. le français et l’anglais), leurs progrès d’apprentissage sont plus rapides. Par contre, si la seconde langue a un autre système d’écriture (ex. l’anglais et le mandarin), il n’y a pas de différences avec les enfants monolingues. Les enfants qui connaissant leurs deux langues à des niveaux comparables, font des progrès plus importants dans la lecture.

La résolution de problèmes : les enfants bilingues (de 4 à 8 ans, présentant des profils similaires à des enfants monolingues étudiés) ont une plus grande facilité à résoudre les problèmes nécessitant de séparer certains caractéristiques des sujets. Il s’agit de problèmes ayant pour spécificité des éléments trompeurs qui détournent l’attention du vrai thème à traiter. (Cf L’effet de Simon dans l’article sur les bénéfices intellectuels du bilinguisme.) Cependant, ces capacités ne se limitent pas à la langue. Ellles concernent aussi d’autres activités qui demandent un contrôle d’attention et une sélectivité de caractéristiques à prendre en compte. (Ex. perception dans les chiffres d’autres qualités que des chiffres, compréhension de différences entre l’apparence et l’utilité d’un objet…). En plus, les recherches confirment que ces aptitudes se manifestent toute la vie et apportent des avantages cognitifs quelque soit l’âge. Ainsi, fournissent-elles une sorte de « réserve cognitive » qui retarde la démence d’environ quatre ans.

L’effet positif sur le développement cognitif

Les recherches d’Ellen Bialystok sur le développement cognitif rendent compte du développement normal des enfants bilingues. Elles attirent l’attention sur les différences dans le vocabulaire entre les enfants monolingues et bilingues (qui possèdent du vocabulaire dans leurs deux langues). Enfin, elles montrent l’effet positif de l’apprentissage d’une seconde langue à la maison. Cela devrait dissiper les doutes d’un grand nombre de familles inquiètes pour la réussite scolaire de leurs enfants.

Source: Bialystok E. L’acquisition d’une deuxième langue, le bilinguisme pendant la petite enfance et leur impact sur le développement cognitif précoce. Dans: Tremblay RE, Boivin M, Peters RDeV, eds. Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants, Septembre 2017

Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.