langue minoritaire

Cycle « Histoires de familles bilingues »

Je voudrais partager avec vous l’histoire de Sienna et de sa fille Livia dont la langue minoritaire est l’italien. Sienne est une des mamans que j’accompagne dans le cadre du programme de soutien aux familles multilingues. Leur histoire est assez classique, j’ai pensé qu’elle pourrait vous intéresser, peut-être même inspirer?

Sienna est d’origine italienne, elle vit en France avec son compagnon français et leur fille de cinq ans : Livia. (Les prénoms et la langue ont été changés.) Depuis le début, Sienna parlait à Livia exclusivement en italien. Quand Livia eut six mois, Sienna reprit le travail et confia sa fille à une nounou. Ensuite, dès qu’une place se libéra à la crèche, Livia rejoignit d’autres enfants.

Livia se mit à parler assez tôt, en français. Au début elle prononçait quelques mots dans sa langue minoritaire, mais avec le temps ils laissèrent leur place au français. Les journées passées à la crèche, les parents qui parlaient entre eux en français, le papa français…

Sienna s’adressait toujours à sa fille en italien, car cela lui semblait plus naturel. Elle se répétait qu’ainsi Livia aurait au moins le vocabulaire et la compréhension de l’italien. Et peut-être un jour…

Au secours de la langue minoritaire

Sienna me contacta suite au conseil d’une autre maman italienne qui avait acquis mon guide d’éducation bilingue. Elle ne s’attendait pas à des miracles, mais elle se dit que cela valait la peine d’essayer. Après avoir découvert leur histoire, je lui proposai un programme d’actions. Avec de petits pas pour ne pas décourager Livia et ne pas mettre trop de pression sur Sienna.

Au début les résultats furent peu significatifs. Livia disait que sa maman comprenait le français, qu’elle-même comprenait l’italien et que ces conversations bilingues lui plaisaient bien. En plus, elles lui semblaient marrantes et originales. Livia ne comprenait pas pourquoi il fallait les changer.

La place des émotions dans la relation mère-fille

Les premiers changements apparurent après quatre mois. Ils ne furent pas exponentiels, mais ils redonnèrent à Sienna de l’énergie et de la motivation dont elle avait besoin. Ensuite, le premier confinement permit à la maman et à sa fille de passer plus de temps ensemble. Grâce à cela, elles se rapprochèrent l’une de l’autre. Cela eut un effet bénéfique sur l’utilisation de l’italien, sa langue minoritaire par Livia. Livia se mit à répondre par des phrases courtes, demander de nouveaux mots. En quelque sorte, leur relation mère-fille s’approfondit, elles apprirent à mieux se connaître. Le travail sur les émotions que je leur avais proposé les aida beaucoup.

Sienna craignait le retour de Livia à la maternelle, ne voulant pas perdre ce qu’elles avaient construit ensemble et ce dont la langue italienne était le ciment. Mais non : Livia retourna à la maternelle fin mai et l’italien ne disparut pas de sa relation avec sa maman. Malgré le fait que de façon spontanée elle s’adressait à Sienna en français, Livia répondrait à ses questions en italien. Notre collaboration ne s’arrêta pas là. Pendant la dernière session Sienna me raconta que de plus en plus souvent Livia entamait des conversations en italien. Surtout si elles concernaient la maison et la famille. (Entre temps, le papa de Livia s’inscrit à des cours d’italien.)

La langue comme vecteur d’émotions

Je voudrais attirer votre attention à la conclusion de Sienna : elle ne s’attendait pas à ce que le travail sur la langue contribue à approfondir sa relation avec sa fille. Jusqu’à présent, elle ne voyait pas la langue comme un vecteur d’émotions. La langue était pour elle surtout un moyen de communication avec d’autres personnes. Cette découverte l’incita à revoir sa perception de relations humaines.

J’aime beaucoup l’histoire de Sienna car elle revalorise la langue et confirme son importance dans les relations avec nos enfants. J’espère qu’elle vous inspirera, vous aussi, tout en vous incitant à explorer et enrichir ce qui vous unit.

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Si vous aussi, vous avez besoin de soutien, parlons-en. Envoyez-moi un message à anna(at)bilingual-kid.com pour voir ensemble comment nous pourrons aider votre enfant à parler votre langue maternelle grâce au programme d’accompagnement personnalisé que j’ai créé pour les familles bilingues.

La photo ne présente pas Sienna et Livia.

Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.