L’identité multiculturelle… Commençons par l’identité culturelle que chaque personne possède de par de sa naissance dans une société donnée. Une société qui fournit à ses membres une base culturelle commune. Ainsi, quand nous pensons à nos enfants, nous les voyons, en quelque sorte, comme une image de nous-mêmes. Pas une image exacte, mais une image qui correspond à un certain nombre de caractéristiques que nous possédons, nous aussi. Surtout en ce qui concerne la culture. Nous, les parents, nous croyons (ou espérons) que nos enfants vont respecter les mêmes valeurs, les mêmes principes et faire appel aux mêmes institutions que nous. Ils vont également porter en eux la même histoire et patrimoine artistique.
Ces attentes sont tout à fait légitimes et naturelles, c’est ainsi que les parents transmettent à leurs enfants leur héritage culturel. Nous en sommes le meilleur exemple. Pourquoi? Parce que nous nous conduisons selon les principes que nos parents nous ont appris. Nous reproduisons leurs comportements. Nous fréquentons le même type d’école ou faisons confiance aux mêmes mécanismes sociaux. De la même manière, nous faisons du sport ou pas, nous lisons plus ou moins, nous jouons de la musique si nos parents en jouaient eux aussi. Tout cela a bien lieu, si nous vivons dans le pays dont la culture (qui nous a été transmise à la maison et à l’école) est devenue notre culture à nous.
Plusieurs cultures?
La situation est cependant différente si les deux parents ont chacun une culture différente. Juste deux cultures, pas nécessairement très « éloignée » l’une de l’autre. Des cultures avec certaines valeurs communes, des institutions qui fonctionnent de la même manière… Il y a néanmoins des éléments qui sont différents, dans le cas contraire, il s’agirait de la même culture. La question qui se pose est de savoir quelle sera la culture de l’enfant. Quelle culture aura plus d’impact sur sa construction identitaire : la culture du pays où il vit ou la culture du parent qui passe avec lui plus de temps?
Identité multiculturelle
L’enfant élevé en présence de plusieurs cultures aura construit une identité multiculturelle. Pour l’illustrer de façon imagée, voici une comparaison parlante. Cet enfant ne sera pas « un produit » de la culture A (la culture de la mère née à l’étranger), ni de la culture B (la culture du père originaire du pays où la famille vit). Sa culture sera un mélange de ces deux cultures dont résulte une culture propre à l’enfant : la culture C. Cette nouvelle culture aura des élemets provenant de chacune des cultures des parents, mais ce sera une toute nouvelle culture. Et l’enfant sera multiculturel. Avec une culture qui, dans certaines situations, facilite le quotidien et dans d’autres le rend plus difficile. Des études américaines sur „third culture kids” confirment la complexité de ce phénomène.
Les avantages et les inconvéniants
Les personnes multiculturelles sont plus ouvertes et moins enclines à la discrimination. Inuitivement, elles savent qu’il existe différents points de vue qui sont à respecter. Elles sont également plus tournées vers d’autres cultures car elles-mêmes en connaissent plusieurs. Cela leur permet de s’approprier des normes sociales sans biais ni préjugés. Elles ont une facilité à s’adapter à de nouveaux contextes ou situations. (Et voici quelques bénéfices supplémentaires au niveau intelectuel.)
Néanmoins, les personnes multiculturelles traversent souvent un conflit identitaire plus fort que des personnes « monoculturelles ». Comment définir son appartenance culturelle si on ne connaît que partiellement la culture du parent de la culture minoritaire? Il arrive fréquamment qu’elles aient dû mal à trouver une place pour se sentir vraiment chez soi. Comme si elles étaient déchirées entre deux cultures, parfois même entre deux pays…
Ce conflit est d’autant plus important si leurs deux cultures sont issues des deux types de sociétés diffiérentes: d’une société collectiviste et individualiste. Les valeurs qu’elles représentent ne sont pas toujours facilement compatibles. Une société collectiviste privilégie le bien de la collectivité au détriment du bien de l’individu, par exemples dans des pays asiatiques. Par contre une société individualiste attache une grande importance à l’individu, comme c’est le cas dans les pays occidentaux.
Le rôle des parents par rapport à l’identité multiculturelle de l’enfant
Les parents ont un grand rôle à jouer en accompagnant l’enfant dans sa construction identitaire. Ils ont besoin de prendre conscience de cette « troisième culture de l’enfant » (culture C) qui est différente des leurs. Ainsi, grâce au respect de cette différence, pourront-ils lui apporter leur soutien pour faire face aux dilemmes identitaires que l’enfant aura peut-être à traverser. C’est surtout à l’adolescence qu’ils peuvent s’avérer particulièrement puissants. La période des doutes, des questionnements et des recherches de sa propre identité où le jeune a plus que jamais besoin de ses parents pour se construire.
Source : Hoult, T. F, Dictionary of Modern Sociology, 1969, Littlefield Adams
Et comment cela se passe pour vos enfants? Quelle est leur culture? Est-elle plus française? Moins française? Comment le voyez-vous? Je vous invite à partager vos expériences avec nous dans les commentaires de l’article.
C’est très intéressant, je pense que cette réflexion on peut la référer finalement à chaque enfant: en raison des différentes influences, la culture d’aucun enfant ne sera juste la somme des cultures de ses parents, ce sera toujours quelque chose de plus…
Oui, je suis tout à fait d’accord! Chaque enfant / personne est unique, de la même manière que sa culture. Sauf qu’en cas des enfants/ personnes bilingues, c’est encore plus flagrant ☺.