deux cultures

Aujourd’hui, je vous propose une réflexion un peu différente des articles habituels. Est-ce que vous aussi, vous connaissez l’impression de « déchirure » (le mot est peut-être un peu fort) entre deux pays, entre deux cultures ? Ce sentiment d’être chez soi dans deux endroits différents et en même temps d’être moins « fixé.e » (physiquement et mentalement) que les personnes qui vivent dans leur pays d’origine. Une drôle d’impression, certainement complexe et enrichissante au niveau émotionnel et intellectuel, parfois un peu perturbante… Voici le prix à payer pour aimer des personnes dans plusieurs endroits sur la Terre.

Être chez soi : partout ? nulle part ?

Avec le temps, on s’habitue au sentiment de manque. Il devient intrinsèque à notre vie. Quand je suis en France, la Pologne me manque, quand je suis en Pologne, la France me manque. Je me sens plus polonaise en France et plus française en Pologne. Je choisis le meilleur de mes deux cultures. Grâce aux filtres créés par chacune d’elles, je pense avoir plus de recul par rapport à mes deux pays.

Mon rêve impossible ? Avoir un mix des deux : les personnes proches au même endroit, quelle que soit leur origine, un beau mélange franco-polonais ou polono-français, mes éléments préférés rassemblés, dans un ensemble harmonieux et cohérant. Et ne pas avoir besoin de choisir.

Partir, c’est mourir un peu,
C’est mourir à ce qu’on aime :
On laisse un peu de soi-même
En toute heure et dans tout lieu.

« Rondel de l’adieu » Edmond Haraucourt

deux cultures

Quand nous partons…

Quand nous quittons notre pays pour s’installer dans un autre, nous ne nous rendons pas toujours compte de ce que nous quittons. Nous partons pour une nouvelle aventure, un amour pour la vie, des expériences inédites, par curiosité de voir la vie ailleurs, parfois seulement pour quelques temps… Nous faisons un choix conscient (pas toujours en connaissance de cause, mais au mois nous ne regretterons pas de ne pas l’avoir fait).  Savons-nous vraiment, à ce moment-là, ce que nous quittons ? Ou plutôt à quoi nous renonçons ? A un certain nombre de réunions de famille, aux rencontres avec nos amis, au développement de notre ville, à sa vie culturelle, à l’évolution de notre langue maternelle, mais aussi à la présence auprès de nos parents, lors des départs de nos grands-parents…

Et même si je n’ai jamais regretté d’avoir quitté mon (premier) pays, je me pose parfois la question de savoir : qui je serais si j’étais restée là-bas ? Quelle serait ma vie, ma famille ?

Chaque départ, après un séjour en Pologne, me rend triste. Juste triste, pour quelques heures, en général cela passe vite. Le lendemain, la vie reprend son rythme. La vie que je n’aurais échangée pour rien au monde.

D’ici et de là-bas : mes deux cultures

Aujourd’hui, je me sens plus d’ici que de là-bas. (J’écris sur moi car c’est la seule expérience émotionnelle à laquelle je peux me référer. Mais le concept est universel.) J’ai passé plus de la moitié de ma vie dans mon deuxième pays. C’est ici que j’ai fait mes études, trouvé mon premier, puis le deuxième travail, créé mon activité. Ma culture est plus française que polonaise, malgré mon accent qui confirme peut-être l’attachement à mes racines. Finalement ce texte est devenu assez nostalgique, ce qui n’était pas mon intention du départ, il est temps d’arrêter.

PS Je pourrai écrire des pages et des pages sur la façon dont nos deux cultures peuvent s’articuler entre elles. Mais ce n’est pas le sujet du blog. Je voulais juste vous inviter à une courte réflexion sur vos racines, votre identité multiculturelle, votre place dans le monde. Nous parlons souvent de la double culture de nos enfants, sans évoquer la nôtre qui l’est dans la même mesure. Nos deux cultures qui influencent notre perception du monde, notre sensibilité, notre attitude vis-à-vis d’autres personnes. Je vous souhaite une réflexion stimulante !

Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.