langue maternelle

Vu de l’extérieur, il peut paraître facile d’élever un enfant bilingue. Mais nous savons tous que l’idée que les personnes non concernées s’en font, est loin de la réalité. Je voudrais vous parler d’une situation que connaît un grand nombre de parents multilingues. Quand nous pensons pouvoir transmettre notre langue maternelle à nos enfants et en fin de compte petit à petit nous l’abandonnons dans nos communications avec eux. Cette réflexion est inspirée par de récentes conversations avec les parents que j’accompagne. Je pense qu’elle peut être utile à certains parmi vous.

Notre souhait de départ

Nous souhaitons (presque) tous transmettre notre langue maternelle à nos enfants. Nous nous imaginons que nous allons leur parler, leur lire, leur chanter et avec le temps ils deviendront bilingues tout naturellement. Un certain nombre d’activités à mettre en place devrait suffire, nous pensons, pour assurer le développement de leur seconde langue. La situation se complexifie quand l’enfant commence à grandir.

Notre langue maternelle de moins en moins présente

Il arrive souvent que le comportement du parent change quand l’enfant va à la crèche (ou dans une autre structure de garde). Ayant repris le travail, le parent (la mère ?) passe moins de temps avec lui. Il se pose la question par rapport à la compréhension de sa langue par l’enfant qui baigne toute la journée dans sa langue majoritaire. Est-ce que deux-trois heures par jour que je passe avec mon enfant suffiront pour qu’il apprenne ma langue ? Et s’il ne me comprend pas ? A ce moment-là, certains parents cessent de parler dans leur langue maternelle à leurs enfants. « On verra plus tard, il aura toujours le temps de l’apprendre quand il sera plus grand. »

Quand le quotidien nous dépasse

Il est également fréquent qu’après avoir vécu plusieurs années à l’étranger, nous perdons l’aisance à parler notre langue maternelle. Il nous est plus facile d’utiliser la langue du pays où nous habitons, nous la parlons au quotidien à la maison, au travail, avec nos amis. Et quand l’enfant arrive, même si nous souhaitons lui transmettre notre langue, la parler nous paraît artificiel, presque forcé. Les mots nous viennent plus naturellement dans notre langue d’adoption. C’est assez perturbant, en même temps certains parents, submergés par leur quotidien (enfant.s, maison, travail…), n’ont pas de force pour « lutter » contre leurs habitudes linguistiques. Car parler dans leur langue leur demande une autodiscipline importante pendant au moins plusieurs semaines. (Jusqu’à ce que le cerveau s’habitue de nouveau à utiliser la langue maternelle de façon spontanée.) En conséquence, ils choisissent de communiquer avec leurs enfants dans la langue majoritaire.

Il existe également d’autres raisons (la volonté de ne pas exclure le conjoint, le souhait de faciliter l’apprentissage de la langue du pays…), mais elles sont moins souvent évoquées par les parents avec lesquels je travaille.

Surtout ne pas culpabiliser

Finalement, cet abandon de la langue maternelle est tout à fait compréhensible. La garder nécessite beaucoup d’effort quotidien, de la disponibilité, de la motivation… Dans notre rôle du jeune parent, la réalité souvent nous dépasse et une partie de projets que nous souhaitons mettre en place, tombe à l’eau. Il ne faut surtout pas culpabiliser, seulement revoir ses priorités et agir en conséquence. Il peut être utile de se poser un certain nombre de questions :

  • Quel est le niveau de ma langue maternelle chez mon enfant ?
  • Quel niveau souhaite-je qu’il atteigne dans cette langue ?
  • Comment devrais-je modifier mes habitudes pour y arriver ?
  • De quoi aurai-je besoin ?
  • Est-ce que je sens que je vais y arriver ?

En fonction des réponses à ces questions, vous savez comment continuer. Et si jamais vous n’êtes pas sûr.e de pouvoir y arriver seul.e, je suis à votre disposition pour vous accompagner. Je vous propose un entretien par Zoom / Skype pour vous expliquer en quoi consiste le soutien que j’apporte aux familles multilingues. Pour cela, il suffit de m’envoyer un message :  anna (at) bilingual-kid.com

Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.