éducation bilingue projet de famille

Inscrire l’éducation bilingue dans un projet de famille ? Est-ce que cela nous apporterait des bénéfices ? Oui, sans aucun doute. La démarche de transmettre sa langue et sa culture à son enfant est beaucoup plus que le fait de lui parler dans cette langue. L’expérience le confirme : pour que l’enfant s’approprie sa seconde langue il a besoin d’évoluer dans un contexte riche en ressources et stimuli en rapport avec la langue. Toute la famille peut y avoir sa place, même sans forcément connaître la langue minoritaire : aussi bien la famille proche (l’autre parent) que la famille plus éloignée. Comment cela fonctionne au quotidien ? Quelles pratiques mettre en place ? Voici quelques éléments de réponse.

Différentes attitudes des parents

Malheureusement tous les parents ayant une langue minoritaire ne peuvent pas compter sur le soutien de leur partenaire. En général, on distingue trois attitudes : positive, neutre et hostile. Si l’autre parent soutient notre démarche, nous avons de la chance, c’est très précieux. Mais s’il la rejette ou même l’ignore, notre mission se complique de façon considérable.

Il existe plusieurs explications de l’attitude négative vis-à-vis de la seconde langue de l’enfant. D’un manque de curiosité à un sentiment de menace et d’exclusion. Ces perceptions individuelles ne se prêtent pas au jugement car elles résultent des vécus différents, souvent indépendants de la volonté de la personne. Il y a donc l’autre parent (parent B, parent A étant celui qui souhaite transmettre sa langue maternelle à l’enfant), mais il y aussi sa famille. Sa famille qui est souvent inquiète pour les progrès de l’enfant dans la langue majoritaire ou son développement cognitif global.

Projet de famille dès le début

Impliquer le parent B dans l’éducation bilingue augmente nos chances de réussite. Plus tôt cela se passe, mieux c’est. Certaines familles prévoient la mise en place d’une éducation bilingue / multilingue dès le début, avant même que l’enfant soit né. Les (futurs) parents définissent ensemble les modalités de la mise en place du projet : les objectifs, les étapes, les moyens à mettre en œuvre, mêmes les indicateurs de progrès et de réussite. Cette approche très « professionnelle » permet d’avancer sereinement et ajuster les moyens si le contexte évolue. Le fait de définir ensemble la stratégie employée dans l’éducation bilingue donne au parent B un rôle à jouer, le rôle qu’il a défini lui-même, ce qui l’incitera à s’y impliquer davantage.

Une démarche concrète

L’éducation bilingue inscrite dans un projet de famille est une démarche bien concrète. Selon l’importance accordée par les parents à la culture, elle peut s’articuler autour de trois activités / attitudes. La première consiste à valoriser la langue et la culture minoritaire au sein de la famille. Je pense à la culture au sens large : aussi bien la littérature, la musique… que le sport, la cuisine, la tradition. La seconde activité peut prendre forme d’un temps consacré à la « célébration » de la culture minoritaire : une histoire, un spectacle, un repas, des photos… Ce sont des moments de plaisir (de jeu ?) qui renvoient à une partie de cette culture, partagés en famille. La troisième activité est une découverte en famille d’un tout nouvel élément (pour les enfants et le parent B) de la culture minoritaire. Il peut s’agir d’une légende, d’une tradition, d’une chanson, d’une curiosité géographique… en fonction de l’imagination et la créativité du parent A.

Même si à première vue, les trois propositions peuvent se ressembler, leur mise en pratique offre des possibilités d’articulations différentes propres à chaque famille. La culture est une source inépuisable de richesses à découvrir, quel que soit l’âge et les centres d’intérêt de la perosnne / la famille.

Éducation bilingue comme un projet de famille

Selon mon expérience avec les familles multilingues (grâce au programme de soutien que je propose), je constate que dès que l’on commence à considérer l’éducation bilingue comme un projet de famille, un grand nombre d’obstacles disparaît. Ensemble, nous sommes plus forts (et plus efficaces), pas uniquement en tant que famille. D’autant plus que chacun a son propre rôle à jouer dans l’équipe avec un but commun.

L’implication du parent B dans ce projet de famille incite l’enfant à s’approprier sa seconde culture de façon pleine et complète. L’enfant a la certitude que ses deux parents l’apprécient et l’encouragent. Cela lui permet de l’apprécier lui-même et ainsi construire son identité en puisant dans ses deux cultures qui coexistent harmonieusement dans son quotidien.

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