Transmettre sa langue
Une des questions les plus fréquentes que je reçois de la part des parents est la question de l’âge de l’enfant pour lui transmettre sa langue minoritaire. « Mon enfant a 6 ans, est-ce qu’il n’est pas encore trop tard ? » « Ma fille de 8 ans comprend quelques mots, mais je voudrais qu’elle puisse parler ma langue. Est-ce que je peux y arriver ? ». La réponse est toujours la même : oui, bien sûr, on peut toujours y arriver. Voici le tour de la question : pourquoi, quand et comment.

Pourquoi plus tard ?

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles certains parents n’ont pas transmis leurs langues maternelles à leurs enfants quand ceux-ci étaient encore petits. Malgré une motivation et une envie qui nous animaient au début, nous ne sommes jamais à l’abri des imprévus potentiels. Des conseils bienveillants de ne pas perturber l’enfant avec plusieurs langues, d’attendre qu’il en apprenne une suffisamment… Ou bien le quotidien qui nous attrape. Quand l’enfant à la crèche baigne dans la langue majoritaire et le parent, après une journée de travail, craint que l’enfant ne le comprenne plus s’il lui parle dans sa langue à lui. Ces facteurs et d’autres encore incitent à remettre à plus tard la transmission de la langue du parent.

Pour y remédier…

De plus en plus de parents qui me contactent, souhaitent commencer à transmettre leur langue. Ils regrettent d’avoir abandonné et cherchent un moyen pour remédier à cette situation. Leurs enfants de 6, 8, 10 ans ne comprennent pas ou comprennent très peu de leur langue.  Les mamans racontent, souvent pour la première fois, souvent avec des larmes aux yeux, souvent avec un sentiment de culpabilité… Certaines parlent d’un filtre émotionnel qu’elles perçoivent dans la relation avec leur enfant. D’autres souhaitent pouvoir se référer à leur propre enfance, ce qui est plus difficile sans partager la langue. Ou encore permettre aux enfants de communiquer « vraiment » avec leurs grands-parents.

Il n’est jamais trop tard pour transmettre sa langue

Quel que soit l’âge de l’enfant, il est toujours possible de lui transmettre / apprendre sa seconde langue. (On parle de la transmission jusqu’à l’âge de 6-7 ans, ensuite, il s’agit de l’apprentissage, le processus est un peu différent.) Selon une étude menée par Annick De Houwer les enfants qui débutent l’apprentissage de la langue minoritaire à l’âge de 6 ans, atteignent, à 10 ans, un niveau similaire des enfants bilingues de 10 ans qui baignent dans leurs deux langues dès leur naissance. Cela signifie qu’ils apprennent plus vite en faisant appel à leurs aptitudes linguistiques de leur première langue. Ainsi, la première langue soutient le développement de la seconde.

Deux éléments : exposition et la motivation

Il n’est jamais trop tard : l’enfant (et l’adulte) peut apprendre une (nouvelle) langue à tout âge. Ainsi, n’attendons plus, s’il est important pour nous que l’enfant parle notre langue, commençons dès aujourd’hui. Bien évidemment, le processus d’apprentissage sera certainement plus complexe que dans le cas d’un enfant plus jeune. Deux éléments clés : l’exposition à la langue et la motivation (aussi bien de l’enfant que du parent) ont besoin d’être assurés pour y arriver. En général, ils sont plus difficiles à maintenir, il faut juste en être conscient.e, cela permet de s’armer et préparer de façon adaptée.

Certains parents y arrivent seuls, d’autres ont besoin de soutien. La transmission de la langue à un enfant déjà plus grand est moins naturelle et nécessite une motivation et une organisation particulière. Cette dernière s’avère souvent difficile (mais pas impossible 🙂 ) à mettre en place. Tout.e seul.e, on abonne plus souvent.  C’est pour cela que dans le programme d’accompagnement, je propose également un soutien à des parents qui commencent à transmettre leur langue. Une fois la décision prise, les progrès ne se font pas attendre.

Si vous aussi, vous piétinez et avez besoin d’aide, parlons-en. Prenez RDV (offert) et je vous expliquerai comment je pourrai vous apporter mon soutien.

Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.