D’où viennent les fautes ?
Il nous arrive souvent, à nous, les parents bilingues, de comparer le niveau linguistique de nos enfants avec celui des enfants monolingues. Puisque nos enfants acquièrent deux langues pendant que les enfants monolingues en acquièrent une, il existe en général des différences de niveaux en faveur de ces derniers. Rappelons rapidement les conditions nécessaires pour que l’enfant maîtrise une langue. Il a besoin d’un contact suffisant avec elle (exposition) et d’un besoin (motivation) pour l’utiliser activement.
Ainsi, pourquoi nos enfants font-ils souvent plus de fautes que les enfants monolingues ?
Parce que leur contact avec chacune de leurs langues est plus réduit que le contact (permanent) des enfants monolingues avec leur langue unique.
Éléments à corriger
Quand on pense « corriger » nos enfants quand ils parlent dans notre langue maternelle, il peut s’agir de trois éléments : le vocabulaire, la grammaire et la prononciation. (Pourquoi « notre langue maternelle » / langue minoritaire ? Le contact avec la langue majoritaire est en général plus important grâce à l’école, l’entourage, des amis.) Nos enfants les maîtrisent plus ou moins bien, ce qui fait qu’il est parfois difficile de savoir quoi et comment corriger.
Corriger ou pas ?
Tous les enfants ne vivent pas la critique de la même manière. Pour certains, c’est un moyen de sentir que son parent l’écoute et fait attention à lui. Une telle attitude incite l’enfant à bien accepter les corrections car elles lui permettent de progresser. D’autres enfants se sentent dévalorisés et découragés, ayant l’impression que malgré leurs efforts, les parents n’en sont jamais satisfaits. Selon la personnalité de l’enfant (cf les enfants expressifs et analytiques), les parents ont besoin d’adapter leur façon de corriger (ou pas) les imperfections linguistiques de leurs enfants. En cas de doutes, il est utile de demander à l’enfant s’il a envie que ses fautes soient corrigées. Ensuite, il convient de respecter ce choix et de s’y plier.
Une autre question à se poser est de savoir quel objectif linguistique le parent poursuit actuellement chez son enfant. S’agit-il d’activer un bilinguisme réceptif ? D’enrichir le vocabulaire ? De perfectionner la seconde langue ? Par exemple, corriger un enfant qui ne parle que rarement dans sa seconde langue est certainement contre-productif car cela peut le décourager à entreprendre un effort quelconque dans ce domaine.
Et si oui, comment ?
En fonction du choix des éléments à corriger, différents moyens s’offrent aux parents. Pour enrichir le vocabulaire de l’enfant, le parent peut lui proposer des synonymes, ou, sous forme de jeu, lui demander de citer d’autres mots qu’il pourrait utiliser à la place. En ce qui concerne la grammaire, il suffit de repérer la phrase de façon correcte, éventuellement, d’essayer d’utiliser le mot mal décliné ou conjugué dans une autre phrase. (Tout de suite et plus tard pour une meilleure mémorisation.) Quant à la prononciation, l’écoute seule ne suffit pas. Il est important d’impliquer l’enfant : il a besoin de répéter les mots difficiles pour faire travailler les articulations dans la gorge.
D’autre moyens pour aider nos enfants
Il existe d’autres moyens pour aider nos enfants dans le développement de leurs langues. Il s’agit des moyens à moyen et long terme que la plupart des parents utilise au quotidien dans l’éducation linguistique et culturelle. L’objectif étant d’augmenter le contact avec la langue à travers des livres, des films, des podcasts, des chansons et d’autres activités qui se déroulent dans la langue minoritaire. Même si les résultats ne sont pas visibles immédiatement, ils viendront avec le temps grâce à la régularité et l’intensité des contacts avec la langue.
(Voici ma vidéo sur le même sujet : Corriger ou ne pas corriger?)
Une difficulté que vous avez du mal à surmonter seul.e ? Votre enfant ne parle pas ou ne connaît pas encore votre langue ? Vous ne savez pas comment « activer » la seconde langue de votre enfant ou par quoi commencer pour la lui transmettre ? Parlons-en ensemble. Racontez-moi votre situation et je vous expliquerai comment je pourrai vous aider. Prenez un RDV offert en ligne. Et ensuite, vous déciderez.
Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.