Je rencontre souvent des parents bilingues qui sont convaincus que leurs enfants ne parleront jamais leur langue maternelle. Pourquoi ? Parce qu’ils sont les seules personnes dans l’entourage de l’enfant à l’utiliser. Ils ont l’impression que ci est trop peu pour qu’il puisse se l’approprier : le contact et le besoin (deux conditions nécessaires) ne sont pas suffisants. Faites-vous partie des parents qui ne croient pas dans leur potentiel de transmission de langue ? J’espère que non. Et si jamais c’est le cas, laissez-moi vous prouver le contraire.
Une conviction erronée
Il existe un mythe selon lequel il est nécessaire que les deux parents parlent dans la langue minoritaire pour que l’enfant la maîtrise à son tour. Dans ces familles la langue minoritaire devient souvent la langue commune (de la maison). Ainsi, l’enfant bénéficie-t-il d’une exposition importante et d’une motivation (potentielle) pour l’utiliser. (Selon les recherches, la probabilité de la transmission de la langue est deux fois plus élevée quand les deux parents la parlent. Quand c’est un seul, elle est n’est que de 36%. * Mais elle n’est pas 0).)
A défaut, si un seul parent parle la langue, toujours selon cette conviction, il faut la présence d’autres membres de la famille (grands-parents ?), des amis et des enfants qui l’utilisent régulièrement.
D’où vient cette conviction ?
Cette conviction peut avoir plusieurs sources. Le plus souvent elle vient d’une observation d’expériences négatives. Si une autre maman (ou papa) dans l’entourage du parent n’a pas réussi à transmettre sa langue maternelle à son enfant, elle (ou lui) n’arrivera pas à le faire non plus. S’inspirer des échecs plutôt que des réussites renforce la conviction de notre propre impuissance. Il y a aussi des cas où, après quelques difficultés, le parent perd la motivation et « préfère » trouver une raison à ses problèmes au lieu de les combattre. (Ceci concerne tous les domaines de notre activité. Si on n’arrive pas à obtenir le résultat souhaité, on trouve une excuse pour expliquer pourquoi on a échoué.)
Et en réalité ?
Il est tout à fait possible de transmettre sa langue à son enfant, même si on est la seule personne qui la parle au quotidien. Il suffit de regarder les exemples des parents qui ont réussi. Dans le monde il y a des millions d’enfants bilingues, une grande partie parmi eux a appris sa seconde langue uniquement grâce à son parent. (Bien évidemment, la situation est plus simple si les deux parents transmettent la langue, les chiffres le confirment. Mais personne n’a dit que ce serait facile…) Pour y arriver, il nous faut de l’effort quotidien, une motivation et un engagement fort et un soutien de notre entourage.
Et plus concrètement ? Deux conditions nécessaires
Pour moi, il y a deux conditions indispensables pour transmettre nos langues à nos enfants. La première est la conviction que nous réussirons notre démarche. Notre façon de penser détermine notre comportement. Plus nous y croyons, plus facilement nous trouverons des ressources pour y arriver.
Après le mindset, un engagement concret (et physique) est nécessaire. Il s’agit du temps que nous passons avec nos enfants : du temps en quantité et de qualité suffisante. Nos lectures, nos discussions, nos films, nos chansons, nos jeux, nos promenades, nos autres activités que nous réalisons ensemble et régulièrement. Il n’y a pas de formule magique universelle qui fonctionnerait pour tous. Il faut adapter les moyens que nous avons à notre disponibilité de notre situation, de nos besoins réciproques et de nos possibilités.
Et vous, êtes-vous le seul parent qui parle votre langue maternelle à la maison ? Quelles sont vos difficultés ? Racontez-moi, je pourrai peut-être vous aider. J’ai certainement déjà travaillé avec un parent dans une situation semblable à la vôtre. Prenez un RDV offert en ligne et je vous expliquerai comment cela fonctionne. Pour prendre votre RDV : ici.
*Annick De Houwer „Bilingual first language acquisition”. MM Textbooks, NY: Multilingual Matters, 2009
Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.