Parler à l’enfant

Je vous propose une courte réflexion concernant une des principales règles de transmission de langues minoritaires aux enfants. Même si elle semble essentielle, dans certains cas elle devient plus difficile à mettre en place que l’on ne pourrait le croire. Il s’agit de parler à l’enfant dans notre langue maternelle (sa seconde langue). Dans quelles situations cela peut paraître difficile ? Premièrement, quand le parent a perdu l’habitude d’utiliser sa langue, vivant dans un autre pays. Deuxièmement, quand l’enfant ne réagit pas comme nous le souhaitons, c’est-à-dire : il répond dans sa première langue (la langue du pays). Le parent a l’impression que ses efforts sont vains. D’autant plus que les conversations bilingues (chacun dans sa langue) ne sont pas très agréables. Comment réagir ? Poursuivre ? Abandonner ?

Comprendre, c’est déjà très bien

Parler à l’enfant dans une langue qu’il comprend, mais qu’il n’utilise pas pour s’exprimer, fournit à l’enfant le vocabulaire et les connaissances grammaticales qui pourront lui servir dans le futur.

Même si aujourd’hui, il ne s’en sert que de façon réceptive (passive, pour certains), ils lui faciliteront la réactivation de la langue, si un jour il la désire. Ce sera toujours plus simple pour la maîtriser que l’apprendre dès le début comme une nouvelle langue. En plus la présence continue de la langue maternelle du parent à la maison souligne à l’enfant l’importance qu’elle représente pour le parent. (Une raison supplémentaire pour s’y intéresser.)

Proximité affective avec l’enfant

Cependant, la réalité des conversations bilingues est assez singulière. La langue définit en partie la relation que nous avons avec l’autre personne. Que nous parlions avec elle dans une langue, dans une autre ou dans deux langues différentes, cette relation ne sera pas la même. Pour certains parents, il est difficile de communiquer avec leur enfant dans une langue dans laquelle l’enfant ne leur répond pas. C’est tout à fait compréhensible. Des parents évoquent une distance émotionnelle, des malentendus, un malaise… Ainsi, arrive-t-il fréquemment que le parent décide de parler dans la langue majoritaire de l’enfant pour vivre mieux sa relation avec lui. Avoir la même langue facilite les choses, même si certains parents évoquent une légère gêne du fait que cette langue ne soit pas leur langue maternelle. Quelle que soit la décision du parent quant à la langue à privilégier dans ses relations avec l’enfant, gardons à l’esprit une chose : aucune langue n’est plus importante que notre relation avec l’enfant. Même notre langue maternelle.

Parler à l’enfant et communiquer de différentes façons

Et pour répondre à la question « que faire » : continuer comme nous le sentons ! Plus nous parlons à l’enfant dans notre langue maternelle, plus il la maîtrisera. S’il nous répond dans la langue majoritaire, rusons ! Utilisons les jeux, le rire, la farce, plus c’est original, mieux c’est !

Observons l’enfant : ses réactions, ses réponses, ses appréhensions. Mieux nous le connaissons, plus facilement nous trouverons le moyen pour lui faire aimer notre langue maternelle. (Si vous avez épuisez toutes vos idées, contactez-moi, je vous proposerai mon accompagnement. Si j’ai pu aider d’autres famille, je devrais pouvoir vous aider, vous aussi 🙂 .) Quelle que soit la langue que vous utilisez en communiquant avec vos enfants (votre langue maternelle, la langue majoritaire ou une autre : anglais ?), soyez conscient.e.s de ce que chaque option implique pour vous et votre enfant. Une fois les priorités « validées », suivez votre envie. C’est un choix que personne n’a le droit de critiquer, personne n’est à notre place dans votre situation unique : personnelle et familiale.

Si vous souhaitez partager avec nous votre réflexion, je vous invite à le faire dans les commentaires de l’article.